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Le marché de la formation : quelles évolutions pour 2023 et à long terme ?

Publié le
25/1/2023

L’analyse du marché de la formation professionnelle initiale et continue à l’échelle européenne sur ces dernières années permet de comprendre l’écosystème, de tirer quelques perspectives sur son évolution à venir et d'être prêt à suivre la tendance pour ne pas se retrouver sur le bord de la route.

C’est ce que propose le CEDEFOP (Centre Européen pour le Développement de la Formation Professionnelle) dans un rapport intitulé The future of vocational education and training in Europe : volume 3 dont nous vous livrons ici les principales tendances et conclusions.

En France

En France, les évolutions suivent, voire font, la tendance européenne au gré des réformes de l’Éducation Nationale et de la formation professionnelle qui nous intéresse ici particulièrement.
C’est notamment le cas avec la création du Droit Individuel à la Formation (DIF) en 2007, remplacé par le Compte Personnel de Formation (CPF) en 2015 puis en 2018, la loi Avenir Professionnel et le transfère de la gestion du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) sous l’autorité de France Compétences en 2019.
Le rapport du CEDEFOP met d’ailleurs en avant le fait que la culture de la formation professionnelle est plus ancienne en France que dans la plupart des pays étudiés (France, Pologne, Autriche, Italie, Slovénie, Royaume-Uni, Estonie, Pays-Bas, Espagne, Roumanie, Finlande), notamment via la mise en place en 2002 de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

Le rapport note cependant que, si la VAE a eu un succès croissant dès sa création, le nombre de diplômés par ce biais diminue depuis 2011 et se concentre sur les secteurs de la santé et du social. Cette tendance s’est par ailleurs accentuée avec l’introduction des blocs de compétences mis en place en 2014.

Cela traduit l'idée générale qui est, en adéquation avec les préconisations européennes, d’aller vers les besoins de l’individu en se concentrant sur l’apprenant là où, auparavant, le fonctionnement était plutôt inverse, à savoir, une formation générale et identique pour tous.

C’est dans cette logique que s’inscrivent d’ailleurs certains critères et indicateurs qualité de la certification Qualiopi : ceux concernant l’évaluation de la formation par les parties prenantes. Sur les 11 pays européens étudiés par le CEDEFOP pour son rapport, la France est d’ailleurs, avec le Royaume-Uni, le pays où le changement de cap et l’apparition d’évaluations des prestataires de formation a été le plus ressenti au cours de ces 10 dernières années.

L’avenir du marché de la formation professionnelle en France

Nous ne pouvons pas lire l’avenir avec précision, cependant l’étude des tendances passées et actuelles nous montre vers quoi va tendre le marché de la formation dans les prochaines années et il est plutôt optimiste.

En effet, selon une étude de Pôle Emploi (2017), 85% des métiers de 2030 n’existent pas actuellement. Cette statistique s’appuie sur les évolutions technologiques (IA, robotique, automatisation, par exemple) et indique que le besoin de formations initiales et continues sera toujours très fort, notamment sur les secteurs d’activités les plus concernés par la technologie.

Il y a donc fort à parier que la vitesse à laquelle la technologie transforme le marché du travail n’est pas prête à diminuer ni à stagner. Cela est un très bon signal pour la formation professionnelle continue qui est plus agile pour s’adapter rapidement par rapport aux formations initiales d’autant que cette réalité pousse toujours plus à l’obsolescence rapide des compétences. En effet, selon Isabelle Rouhan (présidente de l’Observatoire des Métiers du Futur) “Une compétence durait 40 ans dans les années 70, aujourd'hui elle dure entre 12 et 18 mois.” C’est donc un enjeu primordial pour les entreprises de mettre à jour les compétences de leurs collaborateurs pour s’assurer de suivre la cadence du marché en faisant appel à des organismes de formations externes ou en internalisant ce processus.

Notons enfin que les projets de transition professionnelle sont de plus en plus ancrés dans l'esprit des actifs, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. En 2016 l’Observatoire des Trajectoires Professionnelles indiquait que 26% des actifs avaient ou étaient en transition professionnelle. Ce pourcentage a augmenté de 10% en 4 ans, passant d’1 actif sur 4 à 1 actif sur 3 ayant déjà effectué une transition professionnelle en 2022.

Les organismes de formation ont donc de belles perspectives d’évolution dans les années à venir mais vont également devoir relever les challenges liés aux mutations rapides du marché de l’emploi. Il est donc plus que jamais nécessaire pour eux de s’emparer des sujets digitaux et technologiques pour proposer des formations actualisées et répondant aux besoins des individus et des entreprises.

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En europe

La tendance majeure qui se dégage de la majorité des pays européens est la mutation des systèmes de formation au cours des 10 dernières années.

Le nombre de formation initiale diminue et se généralise (entendons par là qu’elles sont moins spécifiques dans les connaissances et compétences transmises). Dans le même temps, la formation professionnelle continue se développe, permettant d’assurer la spécialisation des profils sur le marché de l’emploi. Ce rééquilibrage permet d’être plus réactifs pour assurer une main d’œuvre qualifiée et à jour des compétences attendues par les entreprises et de pallier  la lenteur structurelle de la formation initiale. La Finlande a ainsi divisé par 2 le nombre de certifications initiales et cette tendance est également remarquée dans d’autres pays notamment en Tchéquie, en Croatie et aux Pays-Bas.

Dans le même temps, le contenu des formations initiales se transforme en faisant apparaître un tronc commun généraliste et un nombre d’options variables permettant de construire un parcours “à la carte” et spécifique à chaque individu. En Slovénie, le tronc commun représente 80% des compétences acquises en formation initiale et en Slovaquie, il ne représente que 68%.

Cette mutation répond à un besoin du marché du travail qui a désormais besoins de personnes qualifiées avec des compétences particulières et surtout à jour dans un monde qui évolue très rapidement.La formation continue permet ainsi de compléter cette offre de formation à l’échelle nationale de chaque pays en permettant à chaque personne de se spécialiser dans son domaine après avoir commencé à travailler (période d'inactivité ou en poste).

L’accent est désormais mis sur les compétences acquises plus que sur les données préalable (par exemple, le nombre d'heures d’apprentissage). Cela se mesure par l’augmentation des formations qui permettent de valider tout ou partie d’un ensemble de blocs de compétences. Sur ce point, c'est la France et la Finlande qui arrivent en haut du classement des pays ayant le plus mis en avant ce modèle au cours des 10 dernières années.